L’émergence des « autres » Bordeaux
On connaît bien les performances des Premiers Grands Crus bordelais sur le marché secondaire, mais, selon Liv-ex, si on regarde au-delà des grands noms, on remarque que les autres vins de la région n’ont pas à rougir.
Depuis l’apogée du marché en 2011, les prix des Premiers Grands Crus ont baissé de 39 %.
On a constaté une légère reprise l’année dernière avec une hausse de 0,94 % de l’indice Fine Wine 50, mais il est indéniable que les indices les plus importants sont en baisse. Mais peut-on considérer que les Premiers Grands Crus représentent l’ensemble du marché bordelais ? Nous avons examiné les performances des sous-indices du Liv-ex Bordeaux 500 pour voir comment les autres vins s’en tiraient.
Comme le montre le graphique 1, le Right Bank 100 est le meilleur indice depuis le début de la chute du marché ; il a augmenté de 7,6 % sur cette période. Les dix vins de cet indice forment deux groupes bien distincts : cinq d’entre eux ont connu une progression, alors que les cinq autres ont fait face à un déclin. La meilleure progression est celle d’Angélus, +35,5 % depuis juillet 2011. Sa promotion au rang de Premier Grand Cru Classé A lors de la re-classification des vins de Saint-Émilion en septembre 2012 a fortement contribué à sa hausse fulgurante. Pavie, l’autre vin promu, a quant à lui augmenté de 17,3 %. Avec une hausse de 33,8 %, Clos Fourtet connaît la deuxième meilleure performance, notamment grâce à la note de 100 points attribuée à son millésime 2009 et grâce à sa description par Robert Parker : « un des meilleurs jeunes bordeaux [qu’il ait] goûtés. »
Sur cette période, le Bordeaux 500 a chuté de 20,2 % et comme le montre le graphique 1, le Right Bank 100 est le seul indice en hausse. S’il avait chuté comme le Left Bank 200 (et, peut-être, si Angélus et Pavie n’avaient pas été promus), le Bordeaux 500 aurait connu une baisse de 23,1 %.
Néanmoins, l’impact positif de la promotion s’est estompé. Suite à treize hausses mensuelles consécutives en 2012-2013, la progression du Right Bank 100 a stagné et l’indice a été rattrapé par les Deuxièmes, Troisièmes, Quatrièmes et Cinquièmes Crus de l’autre rive de la Gironde.
Le Left Bank 200 a certes baissé de 15,7 % depuis juillet 2011, mais comme le montre le graphique 2, il a augmenté de 4,5 % depuis le point le plus bas du marché en juillet 2014 alors que le Right Bank 100 n’a augmenté que de 2,8 %. Un des vins du Left Bank 200 s’est démarqué ces treize derniers mois : Haut-Bailly, dont le millésime 2009 a été ré-évalué à 100 points par Parker suite à une dégustation verticale en novembre 2014. Cette nouvelle note a été officialisée en avril 2015. Mission Haut-Brion, dont les prix en juillet 2014 avaient retrouvé les niveaux de 2007, a connu une augmentation de 9,2 % depuis. Ses ventes ont été fortement influencées par la note de 97 points attribuée à son millésime 2012 (une des meilleures notes données par Parker lors de ses dégustations en bouteilles en avril) et par celle de 100 points qu’a reçue son millésime 2005 en juin.
Même si ces dernières années n’ont pas été faciles pour le Bordelais, les chiffres indiquent des débuts de reprise. Le marché haussier de 2009 à 2011 était poussé par la renommée des marques. Comme les acheteurs semblent à présent davantage motivés par la qualité, il semblerait que les fondamentaux de l’investissement dans le vin soient en train d’être renversés.
7 octobre 2015
par l’équipe de The Drinks Business