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Nicolas Potel prédit au bourgogne « un bel avenir » en Asie

Selon le producteur de bourgogne Nicolas Potel, la région a un réel avenir en Asie mais elle doit aussi limiter ses ambitions pour éviter la douche froide.

Lors d’un entretien accordé à the drinks business dans les bureaux de l’Imperatrice Fine Wines, le distributeur asiatique des vins de sa propriété, le Domaine de Bellene, Nicolas Potel a affirmé qu’il était certain que le bourgogne et le pinot noir en général avaient un bel avenir en Asie.
Montrachet vineyards« J’ai dîné dans un restaurant hier et nous AVONS bu un pinot de Nouvelle-Zélande et un autre d’Oregon ; t beaucoup de salles privées, les Asiatiques aiment l’intimité. Au prix auquel nous vendons notre vin, nous devons proposer quelque chose de remarquable. »

Cette stratégie lui a plutôt réussi depuis ses premières visites en Asie il y a environ 20 ans. Il a remarqué que les acheteurs de tout le continent étaient très friands de déjeuners et dîners privés, surtout à Taipei.

« Les Asiatiques aiment l’acidité. Ils aiment également les vins tanniques mais étant donné leur  cuisine, c’est dommage. La cuisine chinoise et les vins de Bourgogne se marient très bien. »

Selon Potel, « le fait que les restaurants en Chine proposent aujourd’hui des verres à vin aux  personnes qui amènent leur bouteille montre très bien le chemin accompli en Asie ces vingt  dernières années. »
« J’ai passé beaucoup de temps en Asie et j’ai toujours dit que le jour où les restaurants chinois  serviront du vin, une étape aura été franchie. Ils n’ont pas toujours une carte des vins mais on  peut amener le sien, ils ont les verres adéquats. Les mentalités ont bien changé. »
Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir et Nicolas Potel recommande une approche plus        réaliste, pédagogue et surtout personnelle pour permettre au bourgogne de s’établir en Asie.
L’intérêt grandissant pour le bourgogne sur tout le continent reflète le développement des palais    et de la curiosité pour le vin en général. Pour Nicolas Potel, il s’agit d’un phénomène « normal » qui fait écho au schéma des marchés japonais et américains il y a vingt ou trente ans.
« Le vin n’est pas facile à appréhender, les gens n’ont pas le temps d’apprendre à le faire, ils travaillent énormément. Mais ils commencent à s’y connaître. Je crois qu’au début, beaucoup croyaient que le bourgogne ne pouvait pas se bonifier. »
« Maintenant qu’ils goûtent des millésimes plus anciens, ils se rendent compte qu’il peut bien vieillir. C’est normal, il faut passer par un apprentissage gustatif pour aborder le bourgogne. » D’un autre côté, il est presque impossible d’exporter vers l’Asie à un prix avantageux. Il est donc difficile pour les amateurs de vin en herbe de consommer régulièrement des vins déjà intrinsèquement chers.

« Les amateurs ont du mal à se permettre ces vins », a reconnu Nicolas Potel. « Le continent s’est beaucoup enrichi mais les consommateurs asiatiques ne peuvent pas pour autant se permettre tous les jours une bouteille à 100 € ou plus. »
Sa stratégie est donc de se concentrer sur les grands restaurants et de convaincre les sommeliers de vendre son vin et de trouver des consommateurs qui l’apprécient réellement.
« Il faut créer nos propres “groupies” », a-t-il affirmé, mettant en garde contre le nombre peut-être trop important de producteurs qui se tournent vers l’Asie et s’imaginent que le marché sera semblable au marché américain à l’époque heureuse où les négociants et distributeurs achetaient les caisses par centaines.
« L’Asie est différente », explique-t-il. « Les restaurants on

aient être limitées et qu’une partie ou même l’ensemble de la branche devait comprendre que malgré un réel potentiel de croissance, une partie significative de la population asiatique ne boira jamais de vin.
« On ne peut pas faire l’unanimité, ça ne fait pas partie de leur tradition, de leur culture. Il faudrait un siècle ou peut-être dix pour changer cela », a-t-il expliqué.
« Seule une minorité d’Asiatiques consommera du vin de façon régulière. La plupart d’entre eux ne s’y mettra jamais. »
Pour éviter de finir sur une note négative, il a insisté sur le fait que la Chine et l’Asie en général étaient sur la bonne piste mais que les producteurs avaient besoin d’une stratégie à long terme et devaient être conscients qu’on « ne modifie pas les habitudes de tout un peuple en une génération. »

Rupert Millar

17 juin 2014

The Drinks Business

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