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Analyse d’investissement : la rive droite bordelaise

La rive droite semble avoir résisté à la tendance à la baisse des prix observée dans tout le Bordelais depuis 2011 et inversée il y a quelques mois seulement. Mais selon Ella Lister, les choses ne sont pas si simples.

Alors que la campagne des primeurs touche à sa fin pour le bordeaux 2014, un bilan de ces dernières années montre que les vins de la rive droite semblent avoir connu de meilleures performances que leurs rivaux de la rive gauche. Depuis l’apogée du marché des grands vins en juin 2011, l’indice de la rive droite, le Right Bank 100, calculé par la bourse mondiale des grands vins, le Liv-ex, a augmenté de 8 % alors que l’indice de la rive gauche, le Left Bank 200, malgré une légère reprise ces derniers mois, a baissé de 16 % et a même chuté de 39 % pour les Premiers Grands Crus (graphique 1). Les vins du Libournais se sont donc avérés être de meilleurs investissements que ceux du Médoc depuis que le marché bordelais est en déclin.

Mais les choses ne sont pas si simples. Sur la même période, le Right Bank 50, un autre indice Liv-ex qui rend compte de l’évolution des cinq vins les plus chers de la rive droite, a en réalité diminué de 12 %. De plus, parmi les dix vins qui composent le Right Bank 100 (rive droite), trois cas spéciaux ont contribué à sa hausse de façon prépondérante : Clos Fourtet, Angélus et Pavie (graphique 3). Le premier a bénéficié de notes élevées de la part du critique américain Robert Parker et les deux derniers ont été promus Premiers Grands Crus classés A dans la classification de Saint-Émilion en mai 2012. Sans ces vins à contre-courant, l’indice n’aurait pas beaucoup évolué depuis le deuxième semestre de l’année 2011.

Bien sûr, cela aurait encore été préférable à la baisse qu’a connue la rive gauche. Ces dernières décennies, la rive droite s’est avérée moins volatile et moins sensible que la rive opposée aux montagnes russes du marché. Dans les vingt-quatre mois qui avaient précédé juin 2011, les Premiers Grands Crus avaient gagné 101 % (183 % pour leurs seconds vins) alors que leurs homologues de la rive droite avaient augmenté plus raisonnablement, de 34 %. Cela est dû en partie à de plus petits volumes de production et donc à moins de visibilité, de spéculation de la part des investisseurs et d’intérêt de la part des chasseurs de marques.

« Il y a si peu d’échanges sur la rive droite qu’elle est isolée et prend une place secondaire », a expliqué Gary Boom, le directeur général de Bordeaux Index. Cet avis est partagé par Miles Davis, un des partenaires de Wine Asset Managers (WAM). Il remarque que la rive droite est « plus collectionnée qu’échangée ; et donc beaucoup plus défensive ».

Cela dit, le pouvoir colossal des marques les plus renommées à Saint-Émilion et Pomerol est indéniable et semble compenser leurs petites productions. « Cheval Blanc et Pétrus sont des vins de la rive droite qui bénéficient de la même visibilité dans les très grands restaurants que les Premiers Grands Crus du Médoc », a remarqué Clément Marcorelles, le directeur général de Wine Services, qui effectue des analyses de positionnement.

Vendredi 22 mai 2015

Ella Lister

Decanter

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