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Vins de clos, grands crus de légende

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Avec le vin, c’est toujours une affaire de sol et d’exposition. Quand la qualité de l’un et l’ensoleillement de l’autre sont réunis sur une même parcelle, cela devient un trésor vite ceinturé de murs ou de haies. Ainsi naissent les « clos ».

Clos de GoissesCes parcelles de vigne que l’on retrouve près du château ou de la maison du vigneron, jamais loin du regard. Un clos est souvent en appellation grand cru. Il appartient parfois à plusieurs producteurs, mais quand ce trésor est la propriété d’un seul vigneron, on parle de clos en monopole. Une distinction qui figure parfois sur l’étiquette. Ces territoires de quelques hectares, voire quelques ares, font souvent l’objet d’une cuvée particulière, car c’est la pépite d’un domaine.

Voici une courte sélection de cinq clos emblématiques.

En Bourgogne, à l’ouest de l’appellation Beaune, se trouve le Clos des Mouches, autrefois exploité par plus de 40 propriétaires ! Cette parcelle ensoleillée abritait des ruches, au temps où les abeilles étaient appelées mouches à miel. C’est l’un des tout premiers vignobles acquis par Maurice Drouhin après la Grande Guerre. Ses quatorze hectares donnent l’un des plus grands vins de Bourgogne. Son sol complexe, argilo-calcaire avec une partie haute de terre pierreuse, permet une évolution des vins vers une grande finesse. Le Clos des Mouches est planté pour moitié en rouge et pour l’autre en blanc. Les rouges ont une robe couleur rubis qui annonce des arômes de cerise et de mûre. Ils sont charpentés, ronds et gracieux.

En route pour l’Alsace, où la légende du Clos du Zahnacker remonte au VIIIe siècle. Propriété d’un moine chevalier de Ribeauvillé au Moyen Age, il était apprécié par Louis XIV. Depuis 1965, il appartient à la plus ancienne cave coopérative de la région, créée en 1895. La qualité d’un vin dépend de sa complexité. Là, c’est l’assemblage des trois grands cépages de riesling, gewurztraminer et pinot gris, plantés à parts égales, pressés et vinifiés ensemble, qui assure cette complexité. Ce clos monopole classé grand cru Osterberg donne un vin superbe, et le millésime 2009, encore jeune, allie déjà finesse et puissance. Un vin de caractère et de longue garde, même si les vins d’Alsace se dégustent plutôt jeunes.

En Champagne, il faut découvrir le Clos des Goisses, situé à Mareuil-sur-Aÿ. Sa forte pente rend son travail difficile, d’où son nom : Goisses, qui veut dire en vieux champenois « travail pénible ». Ce clos appartient à la maison Philipponnat, fondée en 1522. Depuis 1935, c’est la cuvée phare de la maison – millésimée chaque année, contrairement aux autres grandes maisons de Champagne qui ne millésiment que les grandes cuvées. Le vin est puissant et vineux, grâce aux cinq hectares bénéficiant d’une exposition plein sud, ce qui lui permet d’avoir une bonne maturité même lors d’années peu ensoleillées.

Direction la Loire, où la Coulée de Serrant est une parcelle de grand renom. Une réputation née en 1130, quand les moines cisterciens ont planté ces sept hectares en cépage chenin. Ces vignes, situées sur des coteaux très raides qui dominent le fleuve royal, sont à elles seules une appellation contrôlée ! Le sol très peu épais repose sur un fond de schiste rouge qui draine parfaitement des pieds qui ont plus de 35 ans d’âge en moyenne – les plus anciens ayant près de 90 ans. Ils sont cultivés en biodynamie, en partie au cheval, ou à la main. Les vendanges se font en cinq fois sur un mois, car Nicolas Joly veut obtenir la maturité la plus colorée possible et la plus marquée par le botrytis (champigon responsable de la pourriture noble).

Enfin, Bordeaux a aussi de nombreux clos. Cependant, celui du Fourtet, classé premier grand cru, est l’un de nos préférés. Planté aux portes de la Clos Fourtetville médiévale sur des carrières souterraines, il doit son nom au camp Fourtet, la place forte qui protégeait Saint-Emilion au Moyen Age. Le clos recèle un vignoble de 18,7 hectares, près du château. Racheté en 2001 par Philippe Cuvelier à la famille Lurton, le Clos Fourtet a un terroir argilo-calcaire doté d’une faible couche arable, il est naturellement drainé. L’encépagement est constitué de merlot, avec un peu de cabernet-sauvignon et de cabernet franc, travaillés en culture raisonnée. Un vin charnu, concentré et racé, avec des arômes de fruits rouges confits.

Source: LesEchos.fr
01 Septembre 2013

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