La dispute autour de la classification des vins de la rive droite s’embrase à nouveau
Les tensions autour de la classification 2012 des vins de la rive droite sont réapparues alors que trois châteaux ont déposé plainte à Bordeaux cette semaine.
Les châteaux La Tour du Pin Figeac, Corbin-Michotte et Croque-Michotte pensent avoir été lésés dans la dernière classification et ont déposé plainte mardi auprès du tribunal administratif de Bordeaux.
Ces trois domaines ont tous été perdants lors de la classification de 2012 : La Tour du Pin Figeac et Croque-Michotte n’ont pas été promus au rang de Grand Cru Classé, alors que Corbin-Michotte a perdu ce statut.
Ils ont entamé des actions légales en 2013 et un verdict concernant la plainte actuelle devrait être prononcé dans deux mois.
Les accusations de Pierre Carle, le propriétaire de Croque-Michotte, portent principalement sur la question du terroir : ses vignes ne sont situées qu’à quelques centaines de mètres de celles de Pétrus, Cheval Blanc et Gazin. Depuis 2012, une partie des acteurs du marché exprime son inquiétude quant au fait que la classification semble justement ne pas porter d’attention au terroir.
En effet, en 2014, dans son livre intitulé Vino Business, la journaliste française Isabelle Saporta critiquait sévèrement la classification qu’elle trouvait représentative de beaucoup des problèmes actuels des régions vinicoles françaises.
Qualifiant les propriétaires des grands châteaux de « cruels », elle allait même jusqu’à affirmer qu’ils truquaient les résultats pour s’assurer de rester au sommet et que les places de parking pour les visiteurs et le confort des salles de conférence étaient davantage pris en compte que la qualité du vin. Ce livre lui a valu des ennuis judiciaires.
La fureur et le malaise autour de la classification sont tels que certains domaines ont cherché à s’en distancer, comme par exemple le propriétaire du Château Ausone qui pense que la classification est un « grand désordre ».
Pour beaucoup, la présence dans le jury d’origine de Hubert de Boüard, le propriétaire d’Angélus, promu au rang de Grand Cru Classé A, pose également problème.
Le comité du classement maintient qu’il reste attaché à ce qu’il qualifie de standards élevés et à la transparence.
Rupert Millar
le 9 décembre 2015