Avec ses amphores, Pontet-Canet cherche a « Creer L’Emotion »
Jean-Michel Comme, le directeur technique du Château Pontet-Canet, a expliqué comment le choix avant-gardiste de produire des vins élevés en amphores depuis le millésime 2012 représente un pas en avant vers la qualité.
Jean-Michel Comme a grandement contribué à la conversion de la propriété de Pauillac à la viticulture biodynamique. Selon lui, « il s’agit toujours de conserver la pureté du lieu, sans laisser de place aux influences extérieures. »
Après de nombreuses expérimentations avec les « œufs » en béton de plus en plus populaires, Jean-Michel Comme s’est rendu compte que « la forme d’œuf implique une grande surface de contact avec les lies, ce qui donne un vin gras. Ce type de vin est amusant, mais pas exceptionnel. »
Afin de se pencher sur le problème, Pontet-Canet a fait mettre au point sa propre forme d’amphore, à la base plus étroite, même si Jean-Michel Comme a insisté sur l’importance de ne pas trop restreindre le contact avec les lies. « À l’aide des cuves, nous voulions obtenir un vin ni trop gras, ni trop direct », a-t-il résumé.
En collaboration avec un artisan local, le domaine a fait créer 80 amphores, la moitié d’entre elles avec un composant calcaire pour le merlot et le reste avec des galets de graves pour le cabernet sauvignon. Il est prévu d’augmenter ce nombre à 100 et d’y faire vieillir environ un tiers de la récolte moyenne d’un millésime.
Jean-Michel Comme est satisfait du résultat, mais il souligne des conséquences plus globales « déroutantes » en termes de gestion de la vigne.
« À présent, je dois mieux comprendre les différentes parcelles pour savoir quels choix faire en matière de cuves », a-t-il précisé. « J’ai besoin de réinterpréter chaque terroir. »
Surtout, il a expliqué que le but final de ces amphores était de soutenir l’approche biodynamique globale de Pontet-Canet afin de produire un vin qui « crée l’émotion » et de l’élever à un niveau de qualité supérieur.
« Beaucoup de grands vins sont juste faits pour être aérés et recrachés ; il n’y a pas d’émotion », a noté Jean-Michel Comme. Avec en ligne de mire l’approche très « technique » répandue de nos jours, il a continué ainsi : « Si nous voulons retrouver des émotions, il faut changer notre relation aux vins, aux vignes et au terroir. Les machines ne produisent pas l’exceptionnel. »
Pour le moment, cette approche semble porter ses fruits. Depuis qu’il a adopté des pratiques biodynamiques en 2005, avec une certification en 2010, le Château Pontet-Canet a grandement profité d’une reconnaissance des critiques accompagnée de prix en hausse.
Source : Gabriel Savage
Drinks Business
8 avril 2013