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La Bourgogne est-elle menacée par une pénurie de vin ?

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Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) s’inquiète de la possibilité d’une pénurie de vin à l’horizon 2013. En cause : une récolte 2012 très faible combinée à des ventes record.

Clos du TartLa Bourgogne serait-elle victime de son succès ? Le BIVB (bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne) tire la sonnette d’alarme. Chez certains viticulteurs, des parcelles ont été entièrement détruites par des intempéries ou des maladies, tandis que beaucoup d’autres ont connu des pertes de 50 à 70% de leur récolte. Le syndicat viticole craint un assèchement des stocks de vin dans de nombreux domaines de la région.

« PAS D’INQUIÉTUDE POUR LA BOURGOGNE DES NANTiS »

Au domaine François et Antoine Jobard, à Meursault la récolte a diminué de plus de 50% par apport à l’an passé : « Depuis 2008 les rendements sont difficiles à atteindre et les récoltes baissent chaque année d’environ 30%, excepté en 2009 » raconte Antoine Jobard, à la tête de la propriété. Au Clos de Tart, en Côte de Nuits, « de 26/27 hectos habituellement, on est passé à 14/15 hectos cette année » explique le directeur Sylvain Pitiot. Selon ce dernier, il n’y a pourtant pas lieu de s’alarmer : « nous sommes habitués aux années à faibles rendements. Pour les petits producteurs ça va être dur, mais pour la Bourgogne des nantis, il n’y a pas d’inquiétude à avoir ».

Au domaine du Clos du Roi en Bourgogne Coulanges, Magalie Bernard s’estime relativement épargnée : « Ces dernières années, on a fait en sorte de stocker et nous avons aussi évité les problèmes de gel et de maladies. Nous sommes donc un peu mieux lotis qu’ailleurs en Bourgogne. » En 2012, cette viticultrice a néanmoins perdu un tiers de sa production. « La moitié de mes collègues ne font pas leurs rendements, quant à moi je ne les atteints pas depuis 2010. Des vignerons de la génération de mon père n’ont jamais connu ça ! » renchérit-elle.

La faible récolte du dernier millésime – la plus petite depuis 1955 – est d’autant plus alarmante pour le BIVB qu’elle se conjugue à une demande en plein boom et des ventes record, en grande surface (+5,8%) mais aussi à l’export (+15%), soutenues par l’envolée des marchés asiatiques, car l’Europe – la Belgique et les Pays-Bas notamment – est, elle, en régression.

Antoine Jobard ne vend pas en grande surface, mais il a remarqué une hausse considérable de la demande : « En plus des marchés historiques comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, où les ventes ne faiblissent pas, de nouvelles clientèles émergent, comme au Liban, où je n’aurais jamais pensé vendre ! Déjà, il y a dix ans, l’Italie et l’Espagne avaient amorcé le mouvement » ajoute-t-il. « Le commerce des vins de Bourgogne se porte bien, clame Sylvain Pitiot, ce sont nos clients qui vont être un peu frustrés. Mais après tout, c’est mieux que de se dire « mais qu’est ce que je vais faire de tout ce vin » !

« C’est mathématique : la plupart d’entre nous n’ont pas plus que l’équivalent d’un millésime en stock, ce qui est peu. Ceux qui travaillent avec la grande distribution, doivent avoir des volumes considérables pour suivre la demande. Si 2013 ressemble à 2012, certains se retrouveront sans doute en rupture de stock » explique Magalie Bernard. Là encore, elle s’en sort bien ! En ne vendant qu’aux particuliers, aux restaurateurs et un peu en Belgique, cette fille de maraîchers reconvertis vignerons évite le pire. « Les domaines vont être très sollicités par le négoce, qui cherchera à combler les quantités manquantes » anticipe-t-elle.

« ON ÉTALERA UN PEU PLUS LE BEURRE SUR LA TARTINE« 

Face à ce phénomène, les vignerons se préparent au pire pour gérer au mieux leur stock. Au Clos de Tart, Sylvain Pitiot envisage de relancer de vieux millésimes sur le marché : « les réserves sont faîtes pour ça. On étalera un peu plus le beurre sur la tartine. »

« Il faut lisser, étaler les ventes. Ne pas tout vendre en six mois pour ne pas être dépouillés ensuite pendant un an » confirme Antoine Jobard. Il insiste, les gros acheteurs ne doivent pas prendre le dessus sur les autres : « Si on le voulait on pourrait tout vendre à trois clients, ou si l’on en écoute d’autres, on vendrait deux fois la récolte en Meursault 1er cru ! Il faut partager, tout le monde doit pouvoir avoir un peu de vin… Évidemment en théorie c’est simple, mais en pratique beaucoup moins. »

Source : Agatha Petit
Le Revue du vin de France
09 Octobre 2012

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